Kit Pédagogique — Les armuriers tourangeaux

Tours et la production d’armes 

Charles VIII, en 1440, donne à Tours l’impulsion nécessaire au développement de cette industrie. Il fait venir des armuriers étrangers – italiens, flamands, allemands et espagnols – renommés dans l’art de fabriquer des armures et des armes et les installent à Tours. On peut notamment citer les Merveille, armuriers de François Ier, ou les Daussone qui s’y établissent pour plusieurs générations et font de Tours un centre incontournable de la production d’armes à la Renaissance.

 

Les actes de naturalisation 

Document officiel, l’acte de naturalisation est la reconnaissance par le roi d’un étranger comme l’un de ses sujets. Par cet acte, un « aubain », c’est-à-dire un résident étranger soumis au droit d’aubaine qui donne au roi le droit de récupérer leurs biens, devient un « régnicole », un sujet du souverain. Les naturalisés peuvent être des professionnels invités à venir en raison de leurs compétences particulières, ou des gens incités à s’établir dans certaines villes qui ont besoin d’être repeuplées comme à Bordeaux en 1474 ou Metz en 1552. À Tours, au XVe siècle, Charles VII puis Louis XI, multiplient ces actes pour fixer dans la ville les nombreux artisans italiens qui travaillent à la fabrication des armes.

 

Acte de naturalisation de Loys de Lacque, dit Merveilles, armurier milanais.

Décembre 1528.

A. Paris, Archives nationales, JJ 243, fo158.

 

« Françoys, par la grace de Dieu, roy de France, sçavoir faisons que nous avons receu l’humble supplication de nostre chier et bon ami Loys de Lacque, dit Merveilles, sommelier ordinaire de nostre armurerie, natif de la ville de Millan, contenant que trente ans a et plus, il est venu demourer et c’est tenu en nostre royaume et depuis ledit temps retenu et continué, tant au service de feuz noz prédécesseurs les roys Charles huystiesme et Loys, notre beaupère dernier decedé, que Dieu absoille, que de nous, aud. estat, ouquel il s’est employé a son pouvoir jusqu’a present. En quoy faisant, se sera marié et habitué en nostre ville de Tours et de luy et de feue sa femme decedee, seroit yssu enfans, dont les anciens sont aussi en nostre service, en semblable estat de nostre armurerie. Pourquy, en persistant a l’intencion qu’il a tousiours eue, a desliberé finir aud lieu de Tours en une petite maison qu’il a par cy-devant acquise ou ailleur en nostre royaume. Pour ce, nous inclinant liberalement a la supplication et requeste dud. suppliant, avons a icelluy Loys de Lacques, dit Merveilles, donné et octroyé congé de demourer en nostre dict royaume et en icelluy, acquerir et posseder tous et chascun les biens tant meubles que immeubles qu’il y pourra licitement avoir.

Douné a St-Germain-en-Laye ou moys de decembre l’an de grace mil Vc XXVII et de nostre regne le XIIIe.»

 

Transcription : Éric Reppel, dans « Minorités et circulations techniques : la confection des armures à Tours (XVe-XVIesiècles) », Documents pour l’histoire des techniques, 15 | 2008, 24-31.

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