1556, 30 août — Paris

France, Paris, AN Minutier Central, 100/55

Statut :
Transcription : Pierre Aquilon

Contrat d'apprentissage passé entre Jehan Ales, âgé de 14 à 15 ans et Eustace Fouquet, me esteuvier a Paris .



[Texte de la grosse]
«Pierre Ales laboureur et vigneron demourant a Bury en Beauvoisis, confesse avoir baillé et mis en apprentilz du jour de sainct Remy prochainement venant jusques a troys ans lors prochainement venant finiz etc., Jehan Ales son filz agé de quatorze a quinze ans ou envyron a et avec Eustace Fouquet, me esteufvier(1) a Paris demourant au Mond-Saint-Hillaire a ce present, prenant et retenant led. Jehan Ales en son apprentilz; auquel pendent led. temps, il sera tenu et promect luy monstrer et enseigner sond. mestier d’esteufvier et tout ce dont il se mesle et entremect a cause de ce, luy querir et livrer son vivre de boire et menger, feu, lit, hostel, lumyere et le traicte[r] comme il appartient et led. Pierre Ales entretiendra led. apprentilz, son filz, de tous ses habillemens et aultres ses necessitez durant led. temps. A ce faire present led. apprentilz, lequel a l’autorite dud. Pierre Ales, son pere a eu et a ce present [om. bail] pour agreable, promect apprendre led. mectier a son pouvoir, servir sond. maistre bien et loyaulment en icelluy et aultres choses licites et honnestes, son profit faire et dommage eschever(2), l’advertir du contraire etc. si tost etc. sans soy deffuyr etc. et en cas de fuicte etc. et si le pluvist(3) de toute loyaulte et prudhomye. Promectant, obligeant, chascun endroy soy, mesmement led. apprentilz corps et biens etc., renonçant. Faict et passé l’an mil cinq cens cinquante six le dimanche trentiesme et penultime jour d’aoust.
[Souscription de la minute] R[receu] ii s[ols] Becquerel (ce n’est pas une signature)
[Signatures] Foucuet Cothereau

Le texte de la minute présente, par rapport à celui d’une grosse non expédiée conservée dans le registre, les quelques variantes suivantes :
— le rédacteur de la minute avait d’abord écrit “de Toussainctz” qu’il a corrigé en “sainct Remy” ;
— il faut sans doute lire “aagé” là où la grosse donne la graphie moderne ;
— si le copiste a écrit “Mond” c’est sans doute parce qu’il a pris un d ou un e suscrit pour la dernière lettre de “mont” correctement orthographié par le rédacteur de la minute ;
— la variante la plus intéressante est celle qui concerne, dans le syntagme “o l’auctorité dud. Pierre Ales”, la substitution de la préposition “à” qui manifestement ne convient pas ici, à celle de l’ancien français “o” dérivée du latin apud (lat. classique “à côté de”, puis bas lat. “avec”) qui, n’étant plus utilisée que dans le style figé des formules juridiques, n’a sans doute pas été reconnue par le rédacteur de la grosse ;
— le copiste de la grosse a oublié le substantif “bail” ;
— “aggreable” orthographe commune dans la 1ère moitié du XVIe s. a été remplacé par “agreable”, “mestier” par “mectier” et “proffict” par “profit” ;
— le sens de la formule “chascun en droict soy” n’existe dans la graphie du copiste de la grosse.
La minute est signée du notaire Cothereau et, le fait est très rare lorsqu’il ne s’agit pas de personnages d’un rang élevé, de l’une des parties, le maître éteufier “Foucuet” (si cette lecture est correcte) ; quant au nom “Becquerel”, il s’agit du second notaire dont la signature est nécessaire à la validation de l’acte, elle semble s’inscrire ici dans la suite de la mention marginale “R[receu] ii s[ols]”.





Notes :

(1). Esteufier : dérivé d’esteuf “balle” ; c’est le nom que les statuts de novembre 1508 donnent aux paumiers (sous ce mot en effet étaient réunis à la fois les tenanciers de jeux de paume, les fabricants de balles, de raquettes…). Sur les métiers de Paris dans l’Ancien Régime, voir Alfred FRANKLIN, Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le XIIIe siècle, Paris-Leipzig, 1905-1906, XXVI-856 p. (Réimpr. Laffitte Reprints, 1977). — (2). Eschever : on trouve aussi la forme eschiver (1080) “échapper à, esquiver, éviter”. Il faut eschever aux coups que nous ne sçaurions porter (Montaigne). — (3). Plevir : garantir, affirmer, certifier ; plevir quelqu’un de quelque chose : garantir qqch. à qqn ; l’apprenti s’engage à être loyal et honnête (et sage) envers son maître.

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