Lettre close de Louis XII adressée aux maire et échevins de la ville de Bourges dans laquelle le roi demande à sa bonne ville de Bourges d'octroyer 7000 livres tournois afin de lever et d'entretenir trois armées suite à la déclaration de guerre faite à l'Espagne.



De par le roy.
Tres chers et bien amez, nous croyons que avez sceu et entendu le mauvais et desloyal tour que les roy et royne d'Espaigne nous ont fait et ce que après le traicté nagueres fait et accordé, juré et promis entre nous et eulx par nostre très cher et très amé cousin l'archeduc d'Austriche, prince de Castille(1), leur beaufilz, par vertu de leur especial povoir, nous ont par leur adveu et commandement fait faire la guerre tant sur nostre royaume de Napples que sur noz subgetz de cestuy nostre royaume, ne voullant entretenir ledit traicté et venant contre leur foy et promesse sans quelque excusacion de leur honneur, dont comme il est notoire plusieurs maulx et dommaiges sont advenuz a nostre grant desplaisance, et principallement du trespas de feu nostre cousin le duc de Nemours et autres inconveniens. Et qui plus est, sommes advertiz qu'ilz ont mené et menent plusieurs praticques envers plusieurs princes et seigneurs pour les esmouvoir et inciter a la guerre contre nous et noz subgectz en cestuy nostre royaume. A quoy pour y obvier et resister comme il est requis et plus pour garder noz subgectz de cestuy nostre royaume que pour le recouvrement de nostre royaume de Napples ne la repparacion de la grant injure et oultraige qu'ilz nous ont faicte, avons mis sus trois grosses et puissantes armees, car nous sommes bien asseurez que qui ne resistera a leurs entreprinses, ilz mectront peine, et est leur intencion, a l'ayde de leurs alliez, de grever et endommaiger noz subgetz d'icelluy nostre royaume. Pour fournir a la despence desquelles, pour ce que noz finances et emprunctz que avons fait de plusieurs noz officiers et autres parties dont nous sommes aydez ne sauroient fournir, avons par l'advis et deliberacion de plusieurs princes et seigneurs de nostre sang et autres grans et notables personnaiges advisé, conclud et accordé de nous ayder par maniéré d'emprunctz des bonnes villes de nostre royaume puis santes et aisees de ce faire de quelque somme que leur ferons rembourser(2) Et a ceste cause avons ordonnez et depputtez noz commissaires, noz amez et feaulx conseillers l’arcevesque d'Aix(3), le seigneur de Segré(4) nostre chambellan, maistre Adam Fumee(5), maistre des requestes ordinaires de nostre hostel, et maistre Jehan Bourdin(6) nostre notaire et secretaire et l'ung des quatre contre rolleurs generaulx de noz finances, qui vous en diront et remonstreront nostredite affaire qui est si grant et urgent que plus ne pourroit et qui ne touche pas seullement nostre honneur et repputacion, mais aussi le vostre et de tous noz subgetz, vous priant sur tout le service que faire nous desirez que pour y satisfaire et fournir nous vueillez ayder par maniéré de prest de la somme de sept mil livres tournois, a quoy avez esté tauxez pour vostre portion., et icelle bailler es mains de nostre amé et féal conseiller Jehan Roussellet, commis a l'extraordinaire de noz guerres, qui vous en baillera sa quictance et récépissé, par vertu duquel vous en ferons rembourser sur noz finances de l'annee prochaine. Mais pour ce que ceste chose est pressee et contraincte et ou nous et la chose publicque de nostre royaume a si grant interest, vous avons bien voullu adviser que n'y faictes faulte ne remectez ceste matiere en longeur ou difficulté, ou autrement advenir tel inconvénient qui seroit irreparable, dont a jamais ne contanter de ceulx qui en seraient cause. Et par le contraire ne mettrons oubly le service et prest que noz bons et loyaulx subgetz nous secourant et aydant a cestuy nostre grant besoing et affaire, ainsi saurez par nosdits commissaires, ausquelz adjousterez foy de ce diront comme a nous mesmes. Donné a Lyon , le XXVIIe jour de juing [1503(6)].

[Signé] LOYS.


Gedoyn.


[Sans adresse]





Notes :

(1) Il s'agit de Philippe le Beau. — (2) Les comptes de la ville ne montrent aucun remboursement. — (3) Il s'agit de Philippe Herbert. — (4) Il s'agit de Jacques d'Espinay, seigneur de Segré (dép. de Maine-et-Loire ) et d'Ussé (aujourd'hui com. Rigny-Ussé , arr. Tours , dép; d'Indre-et-Loire ), grand maître de Marguerite d'Autriche, capitaine de Saint-Macaire (aujourd'hui com. de Saint-Macaire-en-Mauges , arr. Cholet , dép. Maine-et-Loire ). — (5) Adam Fumée, seigneur des Roches, maître des requêtes du roi (aujourd'hui Les Roches-l'Évêque , arr. Vendôme , dép. Loir-et-Cher ). — (6) Jean Bourdin, peut-être d'une famille originaire de Bourges , notaire et secrétaire du roi dès 1489, chargé à partir de 1493 du paiement et de l'entretien des cent gentilshommes de l'hôtel du roi sous le commandement de Louis de Luxembourg. — (6) Les comptes de la ville indiquent en 1503 le versement de 3200 livres à Jean Roussellet, conseiller du roi (Bourges, Archives communales, CC 274).



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