De par le roy.
Chers et bien amez, depuis le partement de nostre amé et feal chanceliier povez avoir entendu par noz amez et feaulx conseillers et chambellans les seigneurs de Montmorency ⁽¹⁾ et de Nanssay ⁽²⁾, lesquelz sont retournez devers vous, ce que avons escript a nostredit chancellier⁽³⁾ vous dire de par nous et depuis avons entendu par nostredit chancellier les parolles qu'il vous a portees pour le fait de l'ellection ou postulacion de vostre futur arcevesque, en faveur de nostre amé et feal conseiller l'evesque d'Orléans ⁽⁴⁾, le tout pour le bien de nous et de toute la chose publicque de nostre royaume, et que en faisant le contraire de ce dont nous vous requerons, vous feriez cause de mectre une grosse rompture en tous noz affaires et peut estre la guerre sur nous et nostre royaume, et pour ce que nous avons fait pieça promesse dudit arcevesché a l'evesque de Guree⁽⁵⁾, principal conseiller et directeur de tous les affaires de l'empereur, lequel seigneur de Guree neantmoins ne nous avoit jamaiz voulu declairer son vouloyr s'il accepteroit ledit arcevesché jusques a present qu'il nous a fait savoir que très voulontiers il acceptera et ainsi nous en a escript ledit empereur très affectueusement en sa faveur a ceste cause, et que noz ambassadeurs sont de present par devers ledit empereur pour traicter et conclurre de la paix et plusieurs choses au bien, repoz et soulaigement de nostredit royaume, ce nous seroit une trop grant honte et domaige si nous faillions a tenir nostre promesse audit empereur et seigneur de Guree, parquoy vous prions une foys pour toutes et sur la loyauté que nous devez et tout le plaisir et service que faire nous desirez, que vous y vueillez bien pencer et avoir regard au bien de la chose publicque et a nostre honneur principalement et postulier ledit evesque d'Orleans qui nous est feable, et par la promocion duquel nous ferons pourveoir ledit evesque de Guree de ce que tient ledit evesque d'Orleans , ou si vous aymez mieulx iccelluy evesque de Guree et [si] il vous est plus agreable que vous le vueillez postuler en vostre arcevesque. Autrement vous nous ferez honte, dommaige et a tout nostre royaume que vous ne sauriez jamaiz reparer veu l'estat et disposicion enquoy sont de present noz affaires dont nous n'aurions cause de nous contenter. Aussi, en nous complaisant et faisant ce dont nous vous requerrons, vous nous ferez si grant et si agreable plaisir que plus ne pourriez et en aurons voz affaires et de vostre eglise en si bonne recommandacion que vous n'aurez jamaiz regret d'avoir obtemperé a nostre requeste, ainsi que vous dira plus a plain de par nous nostre amé et feal conseiller et chambellan ordinaire le seigneur Deschantez, lequel a ceste fin envoyons expressement devers vous lequel vous croyrés comme nous mesmes. Donné a Bloys , le XXIX^e jour d'avril.

[Signé : ] LOYS.

Robertet.

Bourges

(1) Guillaume de Montmorency, fils de Jean et père d'Anne. Il est baron de Montmorency et seigneur d'Écouen , chambellan de Charles VIII, Louis XII puis François I^er (Cf. Dictionnaire de la noblesse, par La Chenaye-Desbois et Badier, 3^e éd., 1869, t. XIV, coll. 382). — (2) Gabriel de La Châtre, seigneur de Nançay (Cher), capitaine des gardes du corps du roi (comme son père avant lui dès 1479), capitaine de la Grosse Tour de Bourges depuis 1495 au moins, et prévôt de Bourges depuis 1506 (Bourges, Archives communales, CC 259 et 276, p. 44). Il sera également chambellan et maître d'hôtel de Louis XII, puis gouverneur des enfants de France et maître des cérémonies, avant de mourir en 1538. — (3) Jean de Ganay assistait à l'assemblée du 27 avril où aurait dû avoir lieu l'élection de l'archevêque. — (4) Christophe de Brillac, évêque d'Orléans . — (5) Mathieu Langen, évêque de Goritz (Gorizia ) en Illyrie, secrétaire de l'empereur, sera finalement postulé par les chanoines qui s'obstinent contre Christophe de Brillac. Cette nouvelle candidature résulte de l'évolution de la diplomatie royale au cours de l'année 1512. Le 7 mai, les chanoines le choisissent pour archevêque (Bourges, Archives départementales du Cher, 8 G 282), mais cette nomination ne sera jamais effective car, à la suite de la mort du duc de Nemours et de la bataille de Ravenne , la politique royale est largement bouleversée. Malgré l'insistance des chanoines, Louis XII va tout faire pour que le décret de postulation en faveur de Langen ne soit jamais envoyé (Louis Raynal, Histoire du Berry , Bourges, 1845-1847, t. III, p. 258 ; et Claire Sibille, Les archevêques de Bourges et le chapitre cathédral de 1482 à 1525, Paris, thèse de l'Ecole des chartes, 1991, t. I, p. 319). Finalement le 7 juin 1513, le roi prie le chapitre de postuler André Forman, évêque de Murray en Écosse et ambassadeur de Jacques IV d'Ecosse (voir lettres suivantes et C. Sibille, op. cit., t.1, p. 319, qui renvoie aux pages des registres capitulaires du chapitre relatives à cette affaire).