Messieurs, ce nous a esté beaucoup de contentement, recognoissant par vostre lettre la bonne volonté et affection qu’il vous plaist porter a monsieur mon mary et a moy. Je me asseure qu’il vous donnera tant d’occasion de la continuer, que vous jugerez que vous n’avez point un meilleur ne plus affectionné amy que luy, et, pour mon regard, croyez, je vous pry, avecq verité, que je tiendray tousiours a tres grand plaisir d’avoir moyen de m’emploier a quelque chose qui vous puisse apporter utilité et contentement, et que, auparavant la venue icy de monsieur de Vallancay, mondit seigneur, mon mary, estoit resolu de vous gratiffier non seulement pour ce que vous l’avez faict prier par luy, mais aussy en tout ce que vous scauriez desirer, en ce qui deppend de sa puissance. Je le suplieray (combien que ie croy qu’il ne soit point de besoin) de faire esloigner de vous les gens de guerre le plus qu’il sera possible; et n’eust tant attendu a vous aller veoir sans que, les ennemys s’estants fort approchez, il n’eust voulu, pour mourrir, laisser ce pais ni cette ville, particulierement a un si grand besoin, sans les veoir retirez, comme ils sont de present, ayant eu advis certain qu’hier ilz passerent la riviere. Si, en quelque autre occasion, j’ay moyen de vous faire plaisir, je vous pry, Messieurs, affectueusement de croyre que vous me trouverez tousiours, soit en general ou en particulier,
Vostre bien affectionnee et asseuree amye
[Signé] La princesse De Conty.
D’Angers , ce 4 janvier 1593.

[Suscription] A Messieurs les mayre et eschevins de la ville de Tours .