Témoignages de Jullien Baussay, Florimond Proust, Jacques Barillet, maistre Jehan Bastart, Estienne Guyonniere, Herculles Mulet, Michau Hamelon, Pierre Baussay, Martin Patrix, Estienne Baussay et frère Nicolas Bugnet, pour établir la catholicité de Anthoine Lemaire, marchand de Tours , actuellement en prison.



[1] Ce jourd’huy, dernier de septembre 1562, par devant nous notaires royaulx à Tours soubzsignez, se sont comparuz et presentez honnorables hommes Jullien Baussay, Florimond Proust, Jacques Barillet, maistre Jehan Bastart, Estienne Guyonniere, Herculles Mulet, Michau Hamelon, Pierre Baussay, Martin Patrix, Estienne Baussay et frère Nicolas Bugnet, tous demeurans en ceste ville de Tours , vivans fidellement et catholicquement selon l’eglise antienne et catholicque ; lesquelz, après qu’ilz ont esté requis par Jehan Vigerys, marchant demeurant a Saint-Lou près Sablé(1), a ce present, disant avoir charge de Anthoine Lemaire, marchand demeurant aud. Tours , estant de present icelluy Lemaire prisonnier es prisons du sieur de Champaigne (2), comme l’a declaré led. Vigerys, de dire, attester et affermer verité sur la vye, meurs et conversation catholicque dud. Lemaire, ce qu’ilz ont liberallement et vollontairement fait comme s’ensuit, c’est assavoir :
— ledit Florimond Proust, qu’il est eagé de vingt deux ans ou environ, qu’il a bonne congnoissance de Anthoyne Lemaire, filz de feu Jacques Lemaire, marchant, troys ans sont ou environ, lequel, comme il a entendu, est pour le jourd’huy marié à Sablé au pays de La Flèche en Anjou , pour avoir frequenté led. Anthoine Lemayre, puys le temps de troys ans, tant en ceste ville de Tours que ailleurs dehors, et l’avoir congneu vivre catholicquement suyvant l’eglise romaine, tant l’avoyr veu oyr la messe que autres predications. Dit led. [2] actestant avoyr veu depuys la feste de Pasques dernieres passees led. Anthoine Lemayre en la paroisse d’Azay-sur-Cher , a distance de cested. ville de troys lieues ou environ, en laquelle paroisse il s’estoyt retiré avec luy attestant au lieu de La Roche(3) pour la craincte qu’il avoyt des personnes seditieulx qui avoyent prins les armes et tenoyent lad. ville, contre le voulloir et intention du roy, qui [qu’ils] luy feissent porter les armes; et pour y oyr la messe et service divin selon en ainsi dict en lad. paroisse, comme assemblable led. Lemayre disoyt soy y estre retiré pour lesd. causes. Et dict led. attestant de ce qu’il a veu et congneu led. Anthoine Lemayre, que icelluy Lemayre est fidelle homme, vivant catholicquement, tant pour les propoz qu’il luy a oy tenir que depuys led. temps, que pour l’avoyr veu par effect oyr le service divin, pendant le temps qu’il en a esté dict, en ceste ville de Tours . Et aussi dict led. attestant avoir esté present a ung certain jour que lesd. seditieulx estoient aud. Tours , que Michel Chauvynière, sieur de La Porte, beau-pere dud. Lemayre, luy dist en ces motz : «Il fault que tu ailles ceste nuict a la garde du chastel »; a quoy led. Lemaire luy dist [3] qu’il ne yroit poinct. Et est ce qu’il atteste et affirme comme dessous pour verité.
[Signé] : F. Proust
— led. Jullien Baussay, maistre ouvrier en soyes demourant aud. Tours , paroisse Saint-Pierre-du-Boille, aagé de soixante-cinq ans ou environ, dict avoir bonne congnoissance dud. Anthoine Lemaire, filz de feu Jacques Lemaire, dès huict ou neuf ans ou environ, pendant lequel temps, il a frequenté plusieurs fois led. Anthoine Lemayre, pour ce que la maison ou il se tenoit, estoit près celle dud. attestant, en laquelle se congnoissant, il a tousjours veu et congneu led. Lemaire estre bon chrestien et catholicque, en faisant les œuvres, hanté et frequenté devotieusement le divyn service et predications qui se disoient es eglises dud. Tours ; alloit a la mese et mesmes que, ou temps que les rebelles et seditieulx ont prins par force et viollance la ville dud. Tours , qui a esté puis Pasques dernieres, a veu et congneu que led. Lemayre en estoit grandement fasché ; disoit aud. attestant que ceulx qui avoient ainsi prins lad. ville et que ce qu’ilz faisoint en icelle ne valloient riens et n’estoit possible aultrement qu’il n’en advint grand fortune et villenye en lad. ville. Et luy a aussi par plusieurs foiz oy dire qu’il estoit bien marry de quoy [4] ilz avoient ousté la faculté d’oyr la messe et qu’il en aviendroit malleur ; qu’il eust voullu estre hors de lad. ville par pour ne veoir les meschancetez desd. rebelles. Et de fait, scet led. attestant que led. Lemaire, pour lesd. causes, s’en alla hors de lad. ville, de fascherie qu’il avoit desd. troubles, ou il fut par quelque temps, et depuis, retourné derechef, il dist aud. attestant qu’il s’en volloit aller par devers son beau-pere demourant a Sablé, pour evicter le port d’armes qu’il disoit qu’on luy voulloit faire porter. Aussi atteste et affirme, comme dessus, avoir beu et mangé plusieurs foiz avec led. Lemaire et, en ses propoz qu’il tenoit, ne l’a veu ne congneu qu’il dist aucune chose contre l’ordonnance et constitution de Nostre Mere Saincte-Eglise, ains au contraire, que la voulloit croire et ensuivre selon les constitutions antiennes d’icelle, et approuvoit bonne la messe, service divin et cerimonies qui y sont faictes.
[Signé] J. Baussay
— led. Jacques Barrillet, aussi maistre ouvrier en soyes, demeurant aud. Tours , en la paroisse susdite, aagé de quarante-deux ans ou environ, dit qu’il a bonne congnoissance dud. Anthoine Lemaire, dès sa jeunesse et jusques a present ; et mesmes puis huict ou neuf ans encza, qu’il est [5] venu demourer avec son beau-pere et sa mere en la maison d’affins, paroisse susdite, près dud. attestant; l’a hanté et frequenté et avec luy beu et mangé par plusieurs foiz ; l’a congneu tousjours en ses faictz, propos et parolles, et jusques a mainctenant, bon chrestien, fidelle catholique, allant a la messe au service de lad. eglise et continué jusques au temps que les rebelles et seditieulx prinsdrent par force et viollance la ville dud. Tours ; ouquel temps ils empescherent que la messe et divin service fut dit et cellebré, comme ung chascun sçait, faisoient leurs presches en public a leur mode, ausquelz presches led. Lemaire disoit aud. attestant ne voulloir y aller, jaczoit qu’il en feust persuadé par aucunes personnes ; et de faict, pour evicter lesd. presches et persuasions que l’on luy en faisoit, il se desroboit le plus souvant et s’en alloit chez led. attestant, qui assemblement tenoient propoz ded. seditieulx qui ne valloient riens et que c’estoient gens hereticques ; dont il estoit bien marry et eust voulllu estre hors de lad. ville pour evicter lesd. presches comme dessus et aussi pour evicter le port d’armes qu’il disoit qu’on luy volloit faire faire par force, et scet que pour les raisons susdites, led. Lemaire, oud. temps desd. seditieulx, s’en est allé hors de lad. ville par deux [6] foiz, ou il a esté par certain temps ; et, quant il estoit retourné, il disoit aud. attestant que se ce n’eust esté sa femme qui estoit aud. Tours , il ne feust aucunement venu ne retourné, pour ce que ce que faisoient lesd. seditieulx luy desplaisoit fort ; aussi dit led. attestant que led. Lemaire estoit cousché en la fraerie du Sainct-Sacrement de l’Autel fondee en l’eglise des Freres prescheurs dud. Tours (4), de laquelle led. attestant est procureur et que led. Lemaire, comme confrere, a fait le pain benist en son ranc et ordre, ordinairement venoit oyr la messe de lad. fraerie qui se disoit en lad. eglise des Freres prescheurs et, jusques aud. temps que lesd. seditieulx ont pris lad. ville comme dessus, a tousjours oyr [sic] dire et mainctenir aud. Lemaire la messe estre bonne et salutaire et qu’il estoit bien marry dont l’on avoit ousté la faculté de la oyr. Oultre, afferme et atteste led. attestant avoir esté present par troys ou quatre foiz que Michel Chauvyniere(5) et aultres gentilzhommes qui estoient avec luy disoient aud. Lemaire qu’il falloit qu’il prist les armes ; a quoy led. Lemaire ne voulloit entendre et s’en conselloit aud. attestant.
[Signé] J. Barrillet
— led. Herculles Mulet, canonnier ordinaire en l’artillerie, aaigé de XXXIII ans, demeurant aud. Tours , dit pareillement avoir bonne congnoissance dud. Lemaire dès [7] long temps, et mesmes dès son jeune aage, l’a hanté, frequenté, beu et mangé plusieurs foiz avec luy et jusques au jour de Pasques dernieres; durant laquelle congnoissance et frequentation, n’a veu, congneu, oy ne apperceu dud. Lemaire aultre chose que d’un homme de bien, chrestien et catholicque ; l’a veu aller et frequenter souvent le divyn service, oyr la messe et predications, faisoit tous actes en bon et devot chrestien; plus avoir oyr dire a Michel Chauvyniere, son beau pere, puis ung moys encza que, se led. Lemaire eust voullu croire ce qu’on luy avoit dit ou temps que les rebelles tenoient la ville de Tours , ilz [sic] eust porté les armes avec eulx.
[Signé] H. Mullet — Michau Amelon, moulinier en soyes et de present serviteur des Freres prescheurs de Tours , aagé de soixante ans ou environ, dict et afferme avoir bonne congnoissance dud. Anthoine Lemaire, dès douze ans sont et plus, durant laquelle sa congnoissance, il [l’]a hanté et frequenté plusieurs foix et n’a veu, oy ne entendu dud. Lemaire aultres propos que d’un bon chrestien, allant et venant ordinairement oyr la messe tant en l’eglise desd. Freres prescheurs que aultres eglises dud. Tours ; et scet led. attestant que, ou caresme dernier passé la femme dud. Lemaire estant au lict mallade, il s’adressa aud. attestant oud. convent des Freres prescheurs, auquel il pria et donna charge de faire novaine devant [8] l’image Nostre-Dame de Bonnes Nouvelles qui est en icellui convant en l’intention de la santé de sad. femme, ce que icellui attestant feist et la continua par neuf jours, selon la devotion dud. Lemaire. Et, pour ce faire, led. Lemaire luy bailla deux solz tournois, tant pour les bougyes offertes que pour ses peynes. Aussi dict led. attestant que icellui Lemaire a faict dire par les religieulx dud. convent, en icellui convent, ung ou deux salutz oud. caresme dernier, a l’intention que dessus, led. attestant present et assistant ; et, pour les raisons susdites, dit que led. Lemaire s’est toujours tenu et entretenu en l’eglise catholicque et es constitutions d’icelle et a declairé ne savoir lire ne escripre.
Pierre Baussay, maistre ouvrier en soyes, demourant en la paroisse susdite, aagé de trente deux a trente troys ans ou environ, dict avoir bonne congnoissance dud. Anthoine Lemaire, dès long temps, pendant laquelle il a henté, frequenté, beu et mangé avecques luy a plusieurs foiz ; ne luy a veu, oy ne entendu dire ne proposer aucunes mauvaises parolles contre l’Eglise et constitutions [om.d’icelle], mais au contraire les tenoit et entretenoit a son pouvoir, disant que ceulx quy alloient au contraire n’estoient pas gens de bien ; aussi, depuis Pasques dernieres et ou temps que les seditieulx et rebelles prinsdrent la ville de Tours , le chasteau et [9] eglises d’icelle, led. Lemaire en estoit fort triste et bien fasché et voyant que lesd. seditieulx avoient faict lesd. prises, il, avec led. attestant tost incontinant après deliberent d’eulx en aller hors de lad. ville, ce qu’ilz feisdrent et allerent a Sablé assavoir que led. Baussay estant prié par led. Lemaire de conduire sa femme, allerent aud. Sablé en la maison du sieur des Moulins-Aubry, son pere, et peu après led. Lemaire s’y en alla pareillement ou ilz y furent par l’espace d’ung moys ou environ ; et, pour ce que led. Lemaire tenait hostellerie aud. Tours , fut conseillé de s’en retourner avec sad. femme en ceste ville de Tours pour donner ordre à lad. hostellerie, ce qu’ilz feisdrent ; et, y estant peu après, voyant led. Lemaire que lesd. rebelles ne se desistoient de leurs entreprises, pour fuyr et evicter leurs compaignye, icelluy Lemaire et led. attestant delibererent eulx en aller de rechef hors lad. ville, ce qu’ilz feisdrent et de fait s’en allerent au lieu de La Roche, paroisse d’Azay-sur-Cher , ou ilz furent par dix jours ou environ ; ouquel temps led. Lemaire, led. attestant et autres alloient oyr la messe secrettement, pour la craincte que le peuple avoit desd. seditieulx qui ne voulloient souffrir que l’on l’en dist, comme le bruict en est tout commung ; aussi dit que led. Lemaire s’absentoit de lad. ville de poeur de se trover ès presches [10] publicques qui se faisoient par lesd. seditieulx, pour ce qu’il disoit qu’on le persuadoit d’y assister ; et oultre dit que icellui Lemaire s’est tousjours continué et entretenu en l’eglise catholicque et aux constitutions d’icelle, disant tousjours que, avec l’aide de Dieu, il vivroit et mourroit en la foy de lad. Eglise antienne et romaine et comme ses predecesseurs y avoient vescus.
[Signé] Baussay
— led. Estienne Baussay, marchand en draps de soye, demeurant aud. Tours , aagé de vingt-cinq a vingt-six ans ou environ, dict et affirme pour verité avoir hanté et frequenté ordinairement puis troys ans en cza led. Anthoine Lemaire, tant en la ville et hors icelle, en toute laquelle sa congnoissance et frequentation il n’a veu, congneu ne entendu icellui Lemaire faire, dire ne proposer chose contrevenant a nostre Mere saincte Eglise ne aux constitutions d’icelles, mais plustost la soustenoit a son povoir, comme un bon chrestien doibt faire ; l’a veu et assisté avec luy a oyr la messe, predications qui se faisoient ès eglises dud. Tours par predicateurs ordonnez de monseigneur l’Archevesque de Tours (6), et au divyn service. Et mesmes led. attestant scet que, puis Pasques dernieres, que les rebelles et desobeissans au roy et a sa majesté, ayans prins par force et viollance lad. ville dud. Tours , chasteau et eglise d’icelle, comme ung chascun scet, led. Lemaire en estoit fort triste et [11] desplaisant, de maniere que led. attestant, led. Lemaire, Florimond Proust et autres sortirent de lad. ville et s’allerent au lieu de La Roche, paroisse d’Azay-sur-Cher , a distance dud. Tours de troys ou quatre lieues, ou ilz furent par quelque temps. Ouquel temps lesd. Lemaire, attestant et autres alloient oyr la messe, secrettement la oyoient et, a quelques foix, led. Lemaire luy tenoit propoz qu’il eust bien voullu ne se tenir aud. Tours pour evicter la compaignie desd. seditieulx appelez Huguenotz, ensemble leurs presches, a quoy faire il estoit persuadé comme il disoit et n’y voulloit entendre; pour raison de quoy il doubtoit d’entrer en debat ou indignation de Michel Chauvyniere, son beau-pere, et a veu led. attestant que led. Lemaire a tousjours persisté a son bon volloir et a vivre selon les constitutions de Nostre Mere Saincte Eglise, pour l’avoir henté et frequenté comme dict est et mesmes oud. temps desd. seditions, tant en lad. ville, aud. lieu de La Roche que autres. Et oultre, led. attestant dit avoir esté present a ung certain jour, dont a present il n’est memoratif, du temps desd. seditions et rebelles en la paroisse de Vouvray , ung homme s’adressa aud. Lemaire, penczant [12] qu’il feust de ceulx qui se disoient de la religion nouvelle, aultrement Huguenotz, pour quelque afaire et en parlant ensemble, oyt led. attestant que led. Lemaire dist a celluy qui parloit a luy, qu’il n’estoit poinct de lad. religion nouvelle ny huguenot, mais qu’il estoit leur ennemy mortel et ne voulloit faire ne adherer avec eulx par ce qu’ilz estoient meschans, quelque chose que luy en volsist faire ne dire au contraire Michel Chauvyniere, son beau-pere; et davantaige, led. attestant n’eust voullu fequenter led. Lemaire, s’il eust esté huguenot.
[Signé] E. Baussay
— religieuse personne, frere Nicolle Bugnet, docteur en theologie, prieur du convent des Freres prescheurs de Tours , dit tenir pour certain et luy avoir esté representé par tous les religieux dud. convent qu’ilz congnoissent led. Lemaire, comme pareillement le congnoist led. attestant, estre bon chrestien, luy en avoir veu faire les actes comme oyr la messe, vespres et divyn service en leur eglise, avoir faict dire et cellebrer par lesd. religieulx, mesmes au caresme dernier en l’eglise d’icelluy convent plusieurs foiz Salut en l’intention de la santé de sa femme qui pour lors estoit mallade.
[Signé] N. Bugnet, prieur
Ce a esté faict, certiffié, attesté et requis les jour et an susdits de par nous, Mathurin Perdriau et Pierre Goussart, notaires royaulx soubzscriptz et a la fealle relation de nous qui rapportons cesd. presentes estre veritable, y a esté appousé le seel etc.
— [13] [Sur un feuillet distinct, d’une autre main, probablement celle d’Étienne Guyonnière :] [r°] Maistre Jehan Bastard et Estienne Guyonniere, advocat et procureur au siege presidial de Tours , demourans en la paroisse Saint-Pierre-du-Boille, eaigez d’eaige suffisant pour depposer, attestent qu’ilz ont xxv ans passez et que, depuis dix ans encza, ilz on eu bonne congnoissance de Anthoine Lemaire, filz de deffunct Jacques Lemaire et Marie Gaudron, a present veufve de feu Michel Chauvyniere, demourant en la maison en laquelle pend pour enseigne Le Lion d’or(7) en lad. paroisse et que, depuis led. temps, qu’ilz ont ordinairement veu et frequenté avec led. Anthoine, l’ont congneu de bonne vie et conversation et vivre selon les constitutions de l’eglise catholicque, henter et frequenter les eglises comme gens de lad. religion et depuis Pasques encza ne luy ont veu porter aulcunes armes en la compaignie des huguenotz qui, depuis led. temps, se sont eslevez contre l’auctorité et voulloir du roy, tant en lad. ville que autres de ce royaume, ne veu faire acte digne de reprehention pour lequel led. Anthoine puisse ou doibve estre aprehendé en justice. Ce qu’ilz certiffient soubz leurs seings et attestent par devant nous, comme les precedans, [v°] cy mis le dernier jour de septembre, l’an mil Vc soixante et deulx.
[Signé] J. Bastard E. Guyonniere.
— [14] [Sur un feuillet distinct, de la main de Martin Patrix(8):] Ledit Martin Patrix, sergent royal au bailliage de Touraine, demeurant en la paroisse Saint-Pierre-du-Boille, eagé de trente-cinq ans ou environ, dit congnoistre led. Anthoine Lemaire, fils de feu Jacques Lemaire et de Marie Gaultron, ses pere et mere, dès dix ou douze ans sont ou plus, pendant lequel temps il auroyt frequenté, beu et mangé avecques luy, tant en ceste ville de Tours que hors lad. ville, l’a tousjours veu vivre honnestement et catholicquement suyvant l’eglise catholicque antienne et rommaine, aller et venir a la messe, assister au service divin de lad. paroisse Saint-Pierre-du-Boille, tant aux matines, grandes messes, vespres, principallement au jour de dimanches et festes solennelles ; l’a veu aller et frequenter mesmes depuys ung an et demy encza les predications qui se seroyent faictes en lad. ville de Tours , tant par messieurs les prieur des Jacobins que Gisquet, cordellier de monseigneur l’Archevesque de Tours ; et aussi qu’il veu led. Maire [sic] que le jour de Pasques dernieres passees, il receut son createur en lad. eglise Saint-Pierre-du-Boille, et estoit avecques luy Patrix a mesme table ; et, après avoir receu le precieux corps de Nostre Seigneur, rendit graces a Dieu devotieusement et, ce faict, aud. Patrix attestant, bailla un Carolus, disant : «Voilla les petiz blancs que je doibz a mon curé et a la Confraerie Sainct-Gatian(9), si ma femme vient a vous, vous luy direz que je vous ay payé.» Et dict led. attestant la sepmaine d’après Pasques, voyant que les seditieulx huguenotz s’estoyent emparez de la ville de Tours , se retira a Vouvray , deux lieulx [i.e. lieues] près de Tours , ou il auroit esté depuys led. temps jusques a ce que lad. ville fut rendue en l’obeissance du Roy; et illec estant, se [15] seroyt retiré par devers luy led. Lemaire luy dist led. Lemaire ses motz: «Ainsin je vouldroye estre demouré hors de la ville de Tours , car je voyz bien que malheur adviendra a cest meschants huguenotz parce qu’ilz vont contre le Roy et sacaigent tout le monde ; j’ay grant voulloir de faire un tour jusques a Sablé et aller voir Monsieur des Moulins-Aubry, mon beau pere, pour me absenter de lad. ville, car tout ce qui se faict a Tours tournera a mal ; je vouldroys jamais riens ne en voir.» disant oultre : «Je vous asseure que je me absenteré de lad. ville.» Et, de fait, entendit led. attestant peu de temps après que led. Lemaire estoyt allé a Sablé, ou il a esté troys sepmaines ou ung moys.
[Signé] [Paraphe] M. Patrix.





Notes :

Le document transcrit ci-dessus a été présenté par Pierre Aquilon dans Le modèle à la Renaissance, Études réunies et présentées par Claudie Balavoine, Jean Lafond et Pierre Laurens, Paris, Vrin, 1986 (“L’Oiseau de Minerve”), p. 101-116, sous le titre “Un paroissien modèle, Tours 1562.”
La mémoire des événements tourangeaux de 1562, les Cent Jours du pouvoir protestant (2 avril-10 juillet), était encore présente à la fin des années 70 du XXe siècle par le truchement une carte postale colorisée reproduisant Le massacre fait a Tours par la populace, au mois de juillet 1562, la plus spectaculaire, pour les atrocités qu’elle met en scène, des gravures de la célèbre suite de Jacques Tortorel et Jean Périssin.
Dès le mois d’août, les lieutenants du duc de Montpensier procédèrent à une épuration générale, prenant sans doute pour base les listes de suspects qui furent alors établies pour être d’abord soumises à l'examen des paroisses et des chapitres, listes dont deux, respectivement datées des 31 juillet et 4 août 1563, nous ont été conservées (Tours, Archives municipales: EE 5 et 6). Dans l’ouvrage qu’il a consacré au “Cinquantenaire de l'Église réformée de Tours”, Paris, Fischbacher et Gressart, 1881, le pasteur Armand Dupin de Saint André les a partiellement transcrites (Appendices I et II). On trouvera le récit de ces événements chez Armand Dupin de Saint André, Histoire du protestantisme en Touraine, Paris, Fischbacher, 1885, chapitres III et IV. Voir également Comte Alfred Boulay de la Meurthe, Histoire des Guerres de religion à Loches et en Touraine, Tours, 1906 (M.S.A.T. 45), en particulier p. 35-51; Histoire religieuse de la Touraine, [Chambray], C.L.D., 1975, pp. 109-161; Pierre Leveel, Histoire de Touraine et d’Indre-et-Loire, [Chambray] , C.L.D., 1988, ch. 14. “Huguenots, Ligueurs et Royaux en Touraine”.
Les prévenus et la plupart des déposants sont domiciliés sur la paroisse Saint-Pierre-du-Boille. C’est l’orthographe commune aux les deux documents, mais on trouve aussi Saint-Pierre-du-Boile. Le substantif boille/boile est à rapporcher de l’ancien français, bail «bâton, pieu armé de fer dont on fait une palissade, puis cloture, enceinte». (Benoît-de-Sainte-Maure, 1160). On rencontre aussi la forme baille. Elles dérivent du latin baculum, «pieu, bâton»; cf. Walter von Wartburg, Französisches Etymologliches Wörterbuch, Bonn, 1928, Bd. 1, p. 201.
Cette paroisse dont les origines demeurent obscures est alors la plus spécifiquement urbaine de la partie orientale de Tours appelée les Arcis, vocable qui entretient avec boile de probables rapports sémantiques. Au XVIe siècle encore, la ville conserve certains traits de sa bipartition ancienne, même si, depuis plus de 200 ans une même muraille a réuni Châteauneuf et la Cité. De part et d’autre d’une zone centrale aux constructions moins denses s’équilibrent deux puissants chapitres, Saint-Gatien et Saint-Martin, deux solides paroisses marchandes, la nôtre et Saint-Pierre-le-Puellier, avec les prolongements ruraux de Saint-Étienne et de Saint-Venant, tandis que Notre-Dame-la-Riche et Saint-Pierre-des-Corps s'étendent, à l’ouest et à l’est, au-delà des murailles. Brochant sur le tout, les quatre couvents des ordres mendiants, à peine respectueux de la règle des 140 cannes, forment une sorte de trapèze dont la base se situerait au nord (Carmes/ Jacobins) et le sommet au sud (Augustins/Cordeliers). C'est en 1222 que les Frères prêcheurs se sont installés sur la paroisse Saint-Pierre-du-Boille. Celle-ci présente pour le commerce des dispositions particulièrement heureuses : une bonne partie de la Grand-Rue la traverse dans toute sa longueur tandis qu'à l'ouest la place Foire-le-Roi et à l'est la Porte du pont la mettent en communication avec les deux rives de la Loire. Dès le milieu du XVle siècle les emplacements disponibles y sont devenus rares et convoités, comme en témoignent les amputations successives du couvent des Jacobins (Voir: Claire Mabire La Caille, “Évolution des enclos conventuels mendiants à Tours (XIIIe-XVIIIe s.)”, Recherches sur Tours (vol. 1), Tours, L.A.U., 1981, p. 17 32; Bernard Toulier, Bernard et Pierre Aquilon, “Formation du parcellaire et propriété bâtie”, L'Architecture civile à Tours , des origines à la Renaissance, Tours, 1980, p. 46 52 dans M.S.A.T. in 4°, t. X).
La population de cette paroisse dépassait probablement 3000 âmes, mais il est difficile d'en cerner les composantes avec exactitude. Les ecclésiastiques – le chapitre cathédral, l'archevêché, les Jacobins, l'Hôtel-Dieu – et leurs serviteurs en représentent, avec la garnison du château, la partie la plus aisément identifiable, mais la moins nombreuse, quelques centaines de personnes tout au plus. Le reste, concentré sur une étendue très réduite se compose d'artisans, de marchands, d’officiers, selon des proportions qui nous échappent. Sur ces question de topographie tourangelle, on consultera: Bernard Chevalier, Tours , ville royale 1356-1520 : origine et développement d’une capitale à la fin du Moyen Âge, Paris, Louvain, 1975 ; Tours antique et médiéval. Lieux de vie - Temps de la ville. 40 ans d’archéologie urbaine. Textes réunis et présentés par Henri Galinié, avec le concours de Thierry Morin, Tours, 2007 (30e Supplément à la Revue Archéologique du centre de la France. Numéro spécial de la collection Recherches sur Tours FRECAF), en particulier (148) Hélène Noizay, «Les paroisses et les fiefs, outils de contrôle» p. 390-392.

N O T E S
(1). Saint-Loup-du-Dorat : voir le Dictionnaire historique, topographique de la Mayenne de l’abbé Angot s. n. Saint-Lou-du-Dorat, donne les formes latines : Ecclesia de Sancto Lupo (1100, charte de Marmoutier) ; Domus sancti Lupi Cenomanensis diocesis (1207) ; Saint-Lou (1312, nombreux exemples de cette forme, encore en 1532) ; Saint-Loup-près-Sablé (cahiers de doléances de 1789) ; les registres paroissiaux existent, avec des lacunes, depuis 1595. — (2). La lecture «Champaigne» n’est pas douteuse ; cependant, il ne se trouvait du côté des officiers chargés de ramener la ville à l’obéissance du roi, semble-t-il, aucun personnage de ce nom ; s’il y a eu erreur de la part du notaire, il pourrait alors s’agir de François Le Roy, sieur de Chavigny, lieutenant pour la Touraine du duc de Montpensier , fonction dont il avait été pourvu le 10 janvier 1560/61 n.s. ; cf. Boulay de la Meurthe, op. cit. p. 36 et passim. — (3). La Roche ancien fief, paroisse d’Azay-sur-Cher , situé sur le plateau séparant les vallées du Cher et de l’Indre, vallées que sillonnaient chaque jour des compagnies protestantes. J'ignore quel en était le seigneur à cette date, à coup sûr un catholique fervent qui accueillit, avec d'autres personnes, Étienne et Pierre Baussay, Florimond Proust et Antoine Lemaire. — (4). Antoine Lemaire tenait à participer de cette spiritualité de l'intercession: la fonction de la confrérie était de faire dire, chaque jour, une messe «pour et a la devocion des confreres et sœurs». Ainsi ceux et celles «qui sont empeschés a leurs affaires» ont ils part, grâce à la communication des mérites, aux prières de tous les présents. À la mort de l'un des leurs, les confrères ne faudront à célébrer, pour le repos de son âme, les services habituels et à revêtir son cercueil d'un riche drap mortuaire et l'autel d'ornements dont la confrérie se réserve l'usage exclusif. Enfin, la participation au banquet rassemble, une fois l'an, les membres de la «fraerie»: ainsi ne serait-il pas surprenant que l'expression régulièrement utilisée par les témoins au sujet d’Antoine Lemaire, à savoir qu'ils le connaissent bien pour avoir «beu et mangé» avec lui, se réfère à ces repas confraternels. Tout à fait indifférentes à la profession, les confréries ne le sont pas à la condition sociale de leurs membres, et leurs données recoupent celles que fournissent parrainages et marrainages. On notera en revanche qu’aucune des dépositions faites en faveur de Pierre Cherbonnier (Minutes Pierre Goussart, 31 octobre 1562) ne fait mention de son appartenance à quelque confrérie que ce soit. Voir Bernard Chevalier, “La spiritualité des laïcs: les confréries en Touraine à la fin du Moyen Âge”, Histoire religieuse de la Touraine, op. cit., p. 123 131. — (5). Dans sa déposition ci-dessous, le canonnier Hercule Mullet rapportera les propos tenus un mois auparavant, vers la fin du mois d’août, par son beau-père, Michel Chauvynière, qui lui déclarait alors qu’Antoine Lemaire avait refusé de porter les armes avec les “rebelles”; or la déposition d’Étienne Baussay laisse clairement apparaître que Chauvynière faisait partie de ceux qui l’exhortaient à le faire; il se pourrait donc que cette conversation ait eu lieu en prison. Si Marie Gaudron (aussi orthographié Gaultron) se trouve de nouveau veuve à l’automne 1562, comme en témoignent les dépositions de Bastard et Guyonnière, ne serait-ce pas parce que Chauvynière, gentilhomme campagnard en qui l’on pourrait reconnaître un de ces officiers subalternes de l'armée condéenne, avait payé de sa vie la part active qu’il avait prise aux “Cent jours”? Ainsi ce ne serait qu’à ses liens de parenté avec un Huguenot militant qu’Antoine Lemaire aurait dû son inculpation. — (6). On pourrait voir, dans cette campagne de sermons, l’application par l'archevêque de Tours et par ses conseillers d'une politique non-violente à l'égard du calvinisme. Loin d'être seulement dictée par les circonstances – le Colloque de Poissy (septembre-octobre 1561) – elle paraît venir de beaucoup plus loin : dès le 25 juin 1548, le parlement de Paris renvoyait devant le bailli de Touraine toutes les informations faites contre le carme tourangeau Antoine Le Jars et contre ceux qui, en 1546, l'avaient aidé à s'évader des prisons de l'officialité de Tours , “et a ceste fin, enjoinct la dicte court a maistre [le prénom resté en blanc, est: Jacques] Bienassis, official de Tours , de mectre par devers led. bailly[…] lesd. informations, sur peine d'amende arbitraire. Et oultre, luy enjoinct de non user d'aucune dissimulation en ce regard, et envoyer par devers lad. court les noms, surnoms et qualitez de ceulx contre lesquelz il a proceddé pour raison du crime d’heresie et certiffier lad. court des dilligences qu'il a faictes a l'encontre des accusez dud. crime […]” Ce document est cité par Nathanaël Weiss, La Chambre Ardente, Paris, Fischbacher, 1889, p. 116 119. Six mois plus tard, le procureur du roi, évoquant la même affaire se plaint “que de present les heresies pullulent par la negligence des prelatz ou de leurs vicaires qui ne font leur debvoir de eulx enquerir de la vie de leurs subjectz diocesains et de fournir aux fraiz necessaires pour l'instruction des procez de ceulx qui sont trouvez estre malsentans de la foy catholicque”: (3 décembre 1548, ibid., p, 323 et suiv.). Plutôt qu’à Georges d'Armagnac, archevêque de 1547 à 1551, n'était-ce pas à son official, Bienassis, que s'adressaient ces reproches? En tout cas, cela ne serait pas en contradiction avec la teneur du discours qu'au lendemain de la clôture des États d'Orléans , le 1er février 1561, ce même Bienassis, devenu vicaire général et abbé de Bois Aubry, prononçait devant les représentants du Clergé. Ses propos s'inscrivent dans le droit fil de ceux du Chancelier de L'Hospital et du Mitte gladium tuum in vaginam (Jean XVIII. 11) qui en étaient l'âme: “de vouloir, en fait de conscience et de religion, user de force et d'autorité, disait l'abbé de Bois-Aubry, cela n'a point de lieu, parce que la conscience est comme la palme, laquelle tant est plus pressee, tant plus elle résiste, et ne se laisse commander que par la raison et bonnes remonstrances.” On trouvera dans le livre du Père Joseph Leclerc (S.J.), Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, Paris, Aubier, 1955, toutes les pièces de ce dossier, avec la bibliographie. Tenait il aussi à effacer l'impression produite par le ton violemment anti huguenot de certains articles du cahier du Clergé, dont il avait été l'un des principaux rédacteurs? Ce n'est pas impossible (cf. Mark Ormerod, The Life and Work of Simon de Maillé, Archbishop of Tours (1554-1591), Mémoire de Maîtrise en Histoire: Université François-Rabelais, Tours, 1980). Il serait donc tentant de voir en lui l'inspirateur de cette campagne de prédications commencée au printemps de 1561, même si les propos de quelques prédicateurs – à commencer par ceux de l'archevêque lui même – outrepassaient parfois les limites iréniques au-dedans desquelles le vicaire général eût souhaité les contenir. Dans son histoire de l’Église de Tours intitulée, Sancta et metropolitana ecclesia Turonensis, Tours, 1661, in f°, (p. 197 et suiv. § X) Jean Maan rapporte que “dominica die Palmarum insequente, quae 22. erat mensis martii [1562 n.s.], post Ramorum ritum et statam urbis ad S. Petri celebratam, praesul gravem et luculentam concionem habuit ad populum adversus Hugonotas… et retectis ex suggestu nefariorum machinationibus, piorum animas ad avitae religionis studia et sanctæ matris ecclesiæ tutamen vehementius incendit, quo multam haereticorum in se concitavit invidiam.” Sur ce point, on verra aussi les dépositions faites en faveur de Pierre Cherbonnier, le 30 octobre 1562. (De minute en minute…minutes de Pierre Goussart.) — (7). En mars 1561 cet établissement était tenu par Jeanne Marteau, marchande publique, dont les affaires étaient si catastrophiques qu'elle avait dû en aliéner tout le mobilier (900 1.t.) pour payer ses fournisseurs et assurer les dépenses de fonctionnement. II s'agit, je crois, du même Lion d'or que celui qui donnait «du midi a la Grand Rue et la rue Saint Maurice» selon l’abbé Louis Augustin Bosseboeuf, Les rues de Tours, Tours, P. Bousrez, 1888. p. 123, d'après un document, non identifié, de 1588; il aurait alors été situé à l’angle nord des actuelles rues Colbert et Lavoisier. Aucun des événements qui se déroulaient en cet endroit stratégique ne pouvait échapper à ses hôtes. — (8). Martin Patrix était l’un des 35 sergents royaux que comptait le bailliage à cette époque. — (9). Voir, supra la note (4)



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