Larc, & Triumphe preparé à L’entrée du ROY, A L’entiporte de la Riche, tiré au Naturel, anonyme, 1551 gravure extraite de Jehan Rousset, L’Entrée du très heureux et joyeulx advènement du roy, puissant et magnanime Henry de Valoys en sa noble ville de Tours, Tours, 1551, f. 2 r Paris, BnF, département Philosophie, histoire, science de l’homme – 8-lb31-35
Gravure de l’arc de triomphe construit à la porte de La Riche, à Tours, en 1551 pour accueillir Henri II. Cette construction marque la diffusion des modèles italiens dans l’art éphémère et témoigne de la profusion festive des accueils solennels au milieu du XVIe siècle.
La correspondance des villes (celle qu’elle reçoit comme celle qu’elle adresse) s’inscrit dans un système de communication qui permet la diffusion des informations, en même temps qu’il représente et met en scène les pouvoirs.
Les échanges épistolaires témoignent de la nature de la monarchie française qui, loin d’anticiper les pratiques absolutistes qu’elle connaîtra plus tard, gouverne par le dialogue et la négociation avec les différents groupes sociaux et politiques, et en particulier avec les communautés urbaines.
Divers lieux ou occasions favorisent le développement de ce système :
Les entrées solennelles, cérémonies processionnelles qui marquent l’accueil d’un souverain dans sa « bonne ville » et dont le cérémonial complexe et ritualisé témoigne des enjeux de pouvoir et de domination. Elles sont marquées, au long des xve et xvie siècles, par une profusion festive qui arbore les codes de la Renaissance.
Par de multiples insignes ou emblèmes qui ponctuent l’espace urbain (sur les portes, les fontaines, etc.), les pouvoirs s’inscrivent concrètement dans la ville, en laissant des marques indélébiles de leur présence.
Les échanges de cadeaux entre les villes, le roi ou ses représentants sont également des moments privilégiés au cours desquels s’expriment, à grand renfort d’images et de symboles, les rapports de pouvoirs qu’ils soient réels ou imaginés.
Enfin, de nombreuses fêtes scandent la vie de la cité. Naissance royale, célébration d’une victoire, processions propitiatoires ou dévotionnelles face à un péril imminent, feux de joie… autant d’occasions au cours desquelles les pouvoirs sont mis en scène et qui contribuent à la naissance d’une sensibilité politique chez les habitants des villes.
Nef de Sainte-Ursule, Raymond Guyonnet, 1500 orfèvrerie, argent, cuivre, émail et cormaline, 46 × 28 × 16,5 cm Reims, Palais du Tau, Musée du Sacre – TAU1905000176
Pièce d’orfèvrerie (en or et argent doré) en forme de navire, destinée à être placée sur les tables d’apparat, achetée à Tours par la ville à Raimond Guionnet, marchand orfèvre, pour offrir à Anne de Bretagne qui fait sa première entrée solennelle en tant que reine de France en novembre 1500. Les personnages ont été rajoutés au milieu du xvie siècle, lorsque l’objet a été cédé au chapitre de la cathédrale de Reims pour en faire un reliquaire (de Sainte-Ursule).
Médaille Louis XII, Michel Colombe et Jean Chapillon, 1500, droit : « LVDOVIC ‘XII’ FRANCORV REX MEDIOLANI DVX » ; revers : « VICTOR TRIVMPHATOR SEMPER AVGVSTVS », or, Ø 3,6 cm, poids 26,83 g, Paris, BnF, département des Monnaies, médailles et antiques – Série royale 49
Exemplaire d’une des 71 pièces d’or réalisées à Tours, par les orfèvres Jean Galant et Jean Chapillon (ou Papillon), sur un modèle de Michel Colombe, pour la venue d’Anne de Bretagne et Louis xii en novembre 1500. 60 exemplaires étaient placés dans une coupe d’or donnée aux souverains. On y retrouve les symboles royaux (le porc‑épic), une petite tour qui évoque la ville et le portrait royal.
Délibération de la ville de Bourges, Debloys, 14 octobre 1492 encre sur papier, 21 × 19,5 cm Bourges, Archives municipales – AA 34
Procès-verbal d’une assemblée du corps de ville de Bourges tenue suite à la réception de lettres royales (sans doute closes) annonçant la naissance d’un héritier royal. L’assemblée délibère que des feux de joie seront allumés devant l’hôtel de ville et les maisons de chaque échevin, et qu’une « table ronde » sera ouverte « a tous les venans ».
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, xixe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.