Elles opposent le duché de Bretagne et le royaume de France entre les années 1460 et 1490, avant l’union du premier au deuxième. Si la plupart des opérations militaires ont pour théâtre la Bretagne, les provinces voisines, dont la Touraine, jouent un rôle décisif. Tours, base arrière et grenier de l’armée royale, est sollicitée par le roi pour des renforts en armes et en vivres.
Après la défaite française à Pavie (24 février 1525), le royaume se trouve dans une situation inédite. Le roi est captif de l’empereur, enfermé à Madrid, et sa mère, Louise de Savoie, gouverne le royaume, alors que le Parlement de Paris revendique toujours plus d’autonomie et de pouvoir.
La question de l’information est centrale : il faut écrire aux municipalités pour les informer de la captivité du roi et des progrès des négociations pour sa libération, mais aussi pour les assurer que le royaume est toujours bien gouverné.
à partir des années 1560, les conflits opposent les catholiques aux protestants qui revendiquent la liberté de conscience assortie de la liberté de culte. Tours n’échappe pas à ces luttes, comme le montre le massacre de 1562. Située sur un axe stratégique pour rejoindre le Sud-Ouest, la ville fait l’objet de toutes les attentions et la royauté, par ses lettres, ménage la municipalité, en même temps qu’elle la surveille. Quand Paris tombe aux mains des ligueurs (1588), Henri iii, avec le Parlement de Paris, se replient à Tours où s’organise la vie politique du royaume. Après la mort du roi, Henri de Navarre comprend le rôle crucial de la ville avec laquelle il entretient une correspondance régulière : devenu Henri iv, roi de France, il reçoit fréquemment les témoignages de fidélité des habitants de Tours.
Lettre close – 7 août 1487
Charles viii et Parent, notaire et secrétaire du roi
Papier, 21,7 × 18,4 cm
Tours, Archives Municipales – AA 10, p. 10
La correspondance des villes (celle qu’elle reçoit comme celle qu’elle adresse) s’inscrit dans un système de communication qui permet la diffusion des informations, en même temps qu’il représente et met en scène les pouvoirs.
Les échanges épistolaires témoignent de la nature de la monarchie française qui, loin d’anticiper les pratiques absolutistes qu’elle connaîtra plus tard, gouverne par le dialogue et la négociation avec les différents groupes sociaux et politiques, et en particulier avec les communautés urbaines.
Divers lieux ou occasions favorisent le développement de ce système :
Blois : vue de la ville prise du faubourg de Vienne, anonyme, v. 1580 gravure sur cuivre polychromée extraite de Georg Braun et Frans Hogenberg, Civitates orbis terrarum (le Livre des villes), v. 1580 Blois, Archives Départementales du Loir-et-Cher – 33 FI 518
Cette vue représente la ville de Blois depuis le haut du coteau surplombant le faubourg dit de Vienne qui s’étend au sud de la ville sur la rive gauche de la Loire. Ce plan donne à voir l’espace intramuros de Blois et l’étendue de son principal faubourg tels qu’ils étaient à la fin du xvie siècle. Les auteurs y ont reproduit le pont qui enjambe la Loire, les berges, l’enceinte urbaine et ses principaux dispositifs défensifs (portes, ponts-levis, tours, etc.), les principaux lieux de pouvoirs (le château et l’hôtel de ville), les édifices religieux (églises, couvents et abbayes), les dispositifs municipaux (greniers, fontaines et prisons), ainsi que l’enchevêtrement des rues. Cette vue s’inscrit dans un paysage bucolique au premier plan duquel, à gauche, se promène un couple de bourgeois, et, à droite, est insérée la légende dans un cadre stylisé. Dans le ciel, au-dessus de l’horizon septentrional, sont représentées les armoiries royales, à gauche, et d’autres non identifiées, à droite.
Vue de Bourges : Pourtraict de la ville de Bourges, Balthazar Arnoullet ou Jean Arnault, 1565 gravure extraite de Jean Chaumeau, Histoire du Berry contenant l’origine, antiquité, geste, prouesse, privilèges et libertés des berruyers avec particulier description dudit pais, Lyon, 1566, p. 227
Vue de profil insérée dans un cartouche ovale, réalisée depuis l’ouest de la ville. Une légende présente un état précis des principaux lieux de la cité. Autour de la figure se trouvent différentes armoiries. En haut, celles du royaume et du duché. En dessous à leur droite, pendantes, celles de Bourges (trois moutons). Pendent en haut à gauche les armes attribuées à la ville sous l’empire romain (une croix sur un croissant, le plan d’une tour et deux moutons se tournant le dos), accompagnées d’une devise qui souligne les vertus guerrières des Berruyers (« Gestabant cataphracti Biturigenses »). L’auteur, dont on n’a ici que les initiales (AR), peut être Balthazar Arnoullet, imprimeur de Lyon (ce qui expliquerait certaines imprécisions du dessin) ou plus certainement Jean Arnault, mentionné comme peintre ou graveur à Bourges dans les années 1560-1565.
Lettres patentes – 20 septembre 1569 Charles ix et Brulart, notaire et secrétaire du roi
Parchemin, 54 × 26,5 cm Tours, Archives Municipales – AA 2
Rétablissement par le roi du corps de ville de Tours au même nombre de personnes dont il était composé avant sa réduction imposée par le règlement prévisionnel de Blois du 13 décembre 1565, dont le maire et ses échevins s’étaient plaints au conseil royal.
Sceau de la ville de Tours Acte du 4 décembre 1499
Parchemin, 31,8 × 31,5 cm Tours, Archives Municipales – BB 1
Confirmation par François Briçonnet, receveur général des finances du roi et maire de Tours, de la nomination par l’assemblée des habitants de la ville de Gilles Desquartes comme receveur en charge de la gestion des deniers communs pour l’année 1499-1500.
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, xixe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.