simples clercs dûment rétribués, secrétaires municipaux élus, ou prestigieux détenteurs d’un office de notaire et secrétaire du roi…
L’art d’écrire requiert une expertise – souvent obtenue par la fréquentation assidue des humanistes – qui confère une respectabilité sociale et assure à ces hommes de plume de longues et parfois prestigieuses carrières politiques dans les cercles de décision proches du roi.
Apposés par les chancelleries sur des lettres préalablement pliées selon des codes précis, les sceaux sont des marques d’authentification des actes officiels. Ils permettent d’identifier l’autorité émettrice de la lettre et assurent l’inviolabilité du message. Les sceaux municipaux présentent une grande richesse iconographique et symbolique : par le blason ou par l’image, ils identifient la ville, et montrent surtout la représentation que celle-ci entend donner d’elle-même.
Jusqu’à la fin du xve siècle, les correspondances sont acheminées vers leurs destinataires par des émissaires privés spécialement rétribués pour cette mission. Mais à partir du règne de Louis xi, la correspondance royale dispose d’un système d’acheminement spécifique.
Avec la création d’une poste royale et de relais de poste réservés aux messagers royaux et disposés environ toutes les sept lieues, l’acheminement des messages devient à la fois plus rapide et plus sûr.
La correspondance des villes (celle qu’elle reçoit comme celle qu’elle adresse) s’inscrit dans un système de communication qui permet la diffusion des informations, en même temps qu’il représente et met en scène les pouvoirs.
Les échanges épistolaires témoignent de la nature de la monarchie française qui, loin d’anticiper les pratiques absolutistes qu’elle connaîtra plus tard, gouverne par le dialogue et la négociation avec les différents groupes sociaux et politiques, et en particulier avec les communautés urbaines.
Divers lieux ou occasions favorisent le développement de ce système :
Signature de Martin Ruzé (vers 1526-1613), notaire et secrétaire du roi, 30 juin 1593 extraite de la lettre d’Henri iv enjoignant le peuple de la ville de Tours à ne pas prêter attention aux rumeurs diffusées par les protestants sur la mort de Louis de Bourbon, duc de Montpensier Tours, Archives municipales – AA 10, p.48
Issu d’une famille de notables tourangeaux (fils de Guillaume iv, receveur général de Touraine et maire de Tours, petit-fils de Guillaume iii, conseiller au parlement de Paris) Martin Ruzé fait partie des notaires et secrétaires royaux sous Henri ii avant d’être nommé général superintendant des munitions (1571) puis attaché au service de Catherine de Médicis (1576). Il fera carrière dans l’administration du royaume au service d’Henri iii puis d’Henri iv.
Sceau de la ville de Tours, anonyme, 1553, sceau sec sous papier Tours, Archives municipales – AA 6
Les sceaux servaient aussi bien à clore (sceller) une missive qu’à en attester l’authenticité. Témoins de l’autorité reconnue des municipalités, les sceaux municipaux permettaient aussi de représenter la communauté urbaine. Le sceau tourangeau de 1553 représente Turnus, légendaire roi des Rutules, mort sous les murs de la cité, et l’une des grandes figures mobilisées par la ville pour élaborer sa mythologie.
Carte des routes et relais de poste établie d’après Charles Estienne, La Guide des chemins de France, Paris, 1552, et extraite de Fernand Braudel et Ernest Labrousse, Histoire économique et sociale de la France, Paris, Quadrige, 1993, p. 218
La publication en 1552 du Guide des chemins de France par Charles Estienne, montre le développement rapide des relais de postes depuis les ordonnances de Louis xi. Ils permettent à une information de parvenir en moins de cinq jours aux frontières méridionales du royaume. Ce réseau assure aussi une certaine sécurité dans la diffusion de l’information. Plus qu’une simple carte de relais officiels, ce Guide est un véritable indicateur pour le voyageur, rapportant autant les distances, les temps de parcours que les auberges et gîtes.
Sceau de la ville de Tours Acte du 4 décembre 1499
Parchemin, 31,8 × 31,5 cm Tours, Archives Municipales – BB 1
Confirmation par François Briçonnet, receveur général des finances du roi et maire de Tours, de la nomination par l’assemblée des habitants de la ville de Gilles Desquartes comme receveur en charge de la gestion des deniers communs pour l’année 1499-1500.
Lettres patentes – Février 1493 (n. s.) Charles viii, Brulart et Thomas Bohier, notaires et secrétaires du roi
Parchemin, 57 × 63 cm Tours, Archives municipales – CC 1
Exemption perpétuelle du payement de plusieurs impôts ordinaires et taxes commerciales accordée par le roi à tous les habitants demeurant dans l’enceinte de la ville de Tours, à l’instar de la ville d’Amboise, en raison de l’implantation des rois en Touraine depuis Louis xi, en souvenir de son enfance dans la région et en récompense des accueils lors des entrées solennelles du couple royal.
Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, xixe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.) La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84
Symboles monumentaux de la politique municipale d’aménagement et d’embellissement, les fontaines de Tours et le réseau d’adduction d’eau sont conçus et réalisés entre 1507 et 1512. Les fontaines sont situées sur les cinq principales places de la ville. Elles présentent les armoiries royales. Leurs matériaux viennent en partie d’Italie et leur décor marque l’introduction du style de la Renaissance en Val de Loire.
Vue de l’hôtel des Créneaux, ancien hôtel de ville, à Orléans, Charles Pensée, 1837 aquarelle, crayon graphite, rehauts de gouache sur papier, 57 × 44 cm Orléans, Musée des Beaux-Arts – no inv. : 942
Cet hôtel de ville bâti entre 1503 et 1513 montre comment l’identité communale s’incarne dans la monumentalité. Il intègre aux ornementations gothiques le vocabulaire de la Renaissance, à l’instar des hôtels de ville d’Amboise (1501-1505), d’Angers ou de celui des Échevins à Bourges (1489-1490). Lieux de délibération et de décision, ces bâtiments, parfois richement décorés, témoignent de l’autorité des communautés civiles sur la police de la ville.
Jeton personnel d’Antoine Bohier, conseiller du roi – ap. 1544
Cuivre, Ø 2,6 cm Société Archéologique de Touraine – JT 214
Droit : Croisette ANTHOINE.BOHIER.CHER.SR DE CHESNAYE. Au centre, armes des Bohier d’or au lion d’azur surmontées d’un lambel à 3 pendants de gueules, le tout dans un plurilobe. Revers : Croisette CONSEILLER.DU.ROY.ET.GNAL.DE.FRANCE. Au centre, dragon contourné et couronné.